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25 juin 2012

Culture : Un secteur mal financé au Bénin

Avec l’arrivée de Boni Yayi à la tête de la République du Bénin, l’enveloppe du Fonds d’aide à la culture est passée du simple au triple, soit de trois cents millions à un milliard de francs CFA. Mais ceci ne change guère la situation des artistes. L’art demeure mal subventionné. Une minorité profite du Fonds.

2008. A grands cris, les artistes applaudissent le passage du Fonds d’aide à la culture au milliard. « Enfin, le bout du tunnel », s’écrient la plupart d’entre eux ! Les dossiers affluent. En l’espace de neuf mois, 2266 demandes de subvention sont déposés contre 470 en 2007, à la direction du Fonds. Mais la déception est vite arrivée. Tout aussi massivement, les dossiers sont recalés.

Ainsi, le Fonds d’aide à la culture, dont la mission est le « financement des programmes de développement des activités artistiques et culturelles… », ne comble toujours pas les attentes. De nombreuses plaintes sont enregistrées. Jacques, auteur compositeur, affirme qu’il faut avoir des relations privilégiées avec la directrice du Fonds ou le ministre de tutelle pour en bénéficier. G.A, plasticien, est plus radical : « Seuls les artistes résolument engagés dans la Mouvance voient leurs dossiers sélectionnés. »

Pour ce faire, beaucoup d’artistes recourent à des financements privés ou extérieurs pour la mise en œuvre de leurs projets. Ils s'adressent aux promoteurs de réseaux téléphoniques mobiles, aux responsables d'usines de fabrique de boissons, d'huile et d'eaux minérales, aux gros importateurs notamment de produits congelés. Mais les plus habiles s’orientent vers les Fonds régionaux, les Fonds européens, l’Organisation intergouvernementale de la Francophonie…

Ousmane Alédji est un bénéficiaire du Fonds régional pour le financement de la culture logé au niveau de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Il a bénéficié d’un montant très élevé grâce à un projet de création d’une télévision par internet. Or, ce projet n’aurait jamais pu passer au Fonds d’aide à la culture. Car aucune subvention du Fonds d’aide ne peut excéder vingt millions de francs Cfa.  

Politique culturelle inadaptée

Les 28 et 29 mai 2010, le Bénin a accueilli le deuxième sommet international des décideurs sur le thème « Economie de la culture et développement en Afrique subsaharienne ». A cette occasion, le ministre en charge de la culture au Bénin a déclaré que « la culture doit cesser d’être appréhendée comme un simple instrument d’identification mais aussi et surtout comme un produit créateur de devises à l’Etat ». Or, jusque là, l’Etat ne finance pas les arts et la culture comme il se doit. Des études démontrent que les Programmes d’ajustement structurel ont obligé les Etats africains au sud du Sahara à réorienter leurs budgets sur l’éducation, la santé et les infrastructures. Du coup, la culture est considérée comme un luxe pour ces pays. Ainsi, aucun Etat de l’Uemoa ne consacre plus de 1% de son budget à la culture. Pourtant, rapporte Ousmane Alédji dans l’éditorial du magazine Artisttik Africa n° 16, « le secteur culturel contribue au Produit intérieur brut malien à 6,4% et celui du Sénégal à 3,8% ». Ce qui est encore plus important dans les pays comme le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire où cette contribution est de l’ordre de 8 à 11%.

La Charte culturelle du Bénin, en son article 49, stipule que « l’Etat consacre une part des ressources de tous ses projets de développement économique à la promotion des arts et de la culture, au financement d’activités et d’infrastructures culturelles et de loisirs, au niveau régional et national. » Cependant, ce que l’on voit généralement, c’est l’invitation d’artistes aux cérémonies d’ouverture et de clôture de séminaires, ateliers, colloques, symposiums, etc. Chaque prestation peut générer à l’artiste entre vingt mille et trois cents mille francs Cfa. Par contre, quand un artiste étranger est invité sur le même podium pour la même manifestation, son cachet est de l’ordre de plusieurs millions de francs Cfa.

Pourtant, les artistes se battent pour être, chaque jour, plus professionnels. Beaucoup de créateurs s’arrangent pour s’offrir des espaces culturels. Ils créent des festivals, des rencontres professionnelles sans un soutien conséquent de l’Etat. Et, en plus de tout cela, ils perçoivent des reliquats dérisoires au titre du droit d’auteur et des droits voisins.

Pendant longtemps, le Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubedra) a été dans le collimateur des artistes. Ils estiment, pour la plupart qu’ils sont grugés, par rapport à leur droit. Du coup, Alphonse Donou, alias Bobo D, artiste musicien, s’associe à d’autres et ils créent la Chambre béninoise des auteurs compositeurs, comédiens et éditeurs de musique (Cbaccem). Menacé d’être concurrencé voire dominé, le Bubedra porte plainte au tribunal contre la Cbaccem. Le juge tranche et demande à chacune des parties de poursuivre ses activités. La situation reste ainsi tendue entre les deux structures de défense du droit d’auteur et des droits voisins, pour le moment.

Fortuné Sossa

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Cet article m'a valu le trophée du Bénin Golden Awards dans la catégorie Presse, en 2011
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