Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le blog de Fortuné
le blog de Fortuné
Derniers commentaires
Archives
18 février 2007

Portrait

Portrait d’artiste

Nila double championne au Bga… fierté nationale

Quatorze heure un quart. Un véhicule 4x4 de couleur bleue s’immobilise devant l’immeuble abritant au troisième niveau le quotidien

La Nouvelle

Tribune

à Vêdoko, un quartier populaire de Cotonou. La portière à la droite du conducteur s’ouvre. Une silhouette de haute posture apparaît.

Fortuné Sossa

Drapée dans un riche tissu Wax imprimé, Nila avance à pas feutrée, franchit le portail puis se met à gravir les marches des escaliers. Soudain, elle apparaît entre les chambranles de la porte de la rédaction. Les rédacteurs, comme dans un mouvement chorégraphique, la fixe prestement. Les nombreuses paires d’yeux se jettent sur elle. Ils la dévisagent point par point. Certains tardent exprès leurs yeux sur les ongles de ses doigts et sur sa coiffure. L’hôte qu’ils attendaient s’appelle Nila, principale actrice dans le clip «Mbololo» qui passe régulièrement sur les écrans des télévisions. On y découvre, en effet, une jeune femme géante, les ongles très longues et la chevelure mal coiffée comme une folle dans la rue ou pire, une sorcière telle qu’on en présente dans des livres de conte.

Nila qui se trouve actuellement devant les journalistes contraste avec cette image à la télé. Elle n’a rien d’une folle. Pas le moindre millimètre d’ongle au bout des doigts. Mais c’est bien de l’artiste qu’il s’agit. Estelle Dadé à l’Etat civil, compositrice, auteur d’un album de douze titres baptisé «Mbololo», nom que porte le titre phare. Originaire de Ouidah, elle est la petite fille (côté maternelle) de feu Sossa Guédéhoungué, grand prêtre vodoun. Elle est bien belle,

la Nila. Légèrement

svelte, haute d’un mètre quatre vingt, elle a un physique qui peut défier une miss élue. Respirant la pleine forme, elle sourit à chacun en serrant des mains puis prend place au milieu d’eux. Invitée par la rédaction pour un entretien sur sa musique, Nila est accompagnée de son directeur artistique, Laudamus Sègbo, artiste plasticien et réalisateur.

Roland Affanou, responsable de la page Sport plante le décor: «Pourquoi votre visage n’apparaît presque pas dans le clip Mbololo?» Nila respire un instant, redresse la poitrine, sourit et fixe l’interlocuteur de ses yeux vifs comme dégageant du feu: «Des fois il faut s’effacer pour exister. C’est dans cette vision que mon directeur artistique a conçu le clip.» En fait, poursuit l’artiste, «Mbololo est une expression de la douleur. Je chante à travers ce morceau, un certain nombre de coups bats et d’échec dont j’ai été victime dans ma vie.» Elle se tut un instant… baisse la tête. Les yeux humidifiés prêts à couler, elle détourne le regard vers son directeur artistique. Celui-ci prend sa relève: «Mbololo est en fait un combat entre le bien et le mal, la lumière et l’obscurité, la justice et l’injustice.»

Vu l’émotion de l’artiste, toute la rédaction comprend d’un coup qu’elle a été véritablement marquée par le passé. Alors, insister sur le sujet serait s’immiscer iniquement dans sa vie privée. Et Ludovic du desk politique, très intéressé, commente: «A quelque chose malheur est bon!». Pour lui, la série de «souffrances» que Nila a endurée est l’élément déclencheur de son succès actuel. Elle a fait d’elle une philosophe. Son message dans «Mbololo» en est très expressif. D’autres titres également de l’album comme «Mèvivè» confirme cette bonne dose de savoir et de culture qu’elle incarne.

Conduite à la musique par un animateur radio aujourd’hui musicien lui-même, Nila a passé le clair de son temps à faire des interprétations. Sa première révélation au grand public en tant qu’artiste interprète remonte à 1999 lors d’un méga concert de Papa Wemba sur la pelouse verte du stade de l’amitié. Ouverture alors pour figurer en bonne position dans des chœurs aux côtés des aînés comme Danialou Sagbohan, Stan Tohon, Rico’s Campos, Zouley Sangaré, Baba Djalah, etc.

En 2003 débute son projet de création personnelle. Avec Laudamus Sègbo, le travail artistique s’enchaîne aussitôt. Sans répit. «Il fallait trouver le meilleur son, les meilleures notes. Courir au studio pour poser la voix. Y retourner pour parfaire certaines choses. Y retourner encore et encore.» Aucune place donc pour le bricolage. Résultat: l’album est très apprécié de toute la nation béninoise ainsi que des étrangers. En témoigne les trophées Bénin Golden Awards 2006. Nila a été doublement lauréate en décrochant le trophée du «Meilleur clip vidéo» et celui de la «Meilleure musique moderne d’inspiration traditionnelle». Mais cela ne satisfait pas encore Laudamus Sègbo: «Pour moi, nos objectifs ne sont pas encore atteints. J’ai encore beaucoup de transformations à lui faire subir. Avec elle ce sera la révolution… totale.» Il commente, parlant du showbiz: «

La Côte

d’Ivoire nous a damé le pion lorsque le Congo a commencé par fléchir. Pour moi, Nila n’est pas encore là. Elle vient.»

Encadré

La nouvelle ambassadrice du Bénin au Sica 2007

En décrochant le trophée du Bénin Golden Awards dans la catégorie «Meilleure musique moderne d’inspiration traditionnelle», Nila devient du coup la candidate du Bénin à la prochaine édition des Stars de intégration culturelle africaine (Sica). Un concours qui met en compétition des artistes musiciens de la sous-région évoluant dans la musique moderne d’inspiration traditionnelle à raison d’un représentant par pays. Elle a désormais en main le drapeau national et donc l’honneur de la patrie à défendre. Raison de plus pour que son directeur artistique demeure en état de veille. Pour ne pas dire… d’alerte maximale. Car la mission cette fois-ci est plus lourde si lourde qu’elle a le devoir de s’atteler à ne point démérité.

Il est vrai que Nila est aujourd’hui, la meilleure artiste dans le domaine. Vérité que nul ne peut contester. Le travail qu’elle a présenté est vraiment dense. «Mbololo» est jusque là le clip le mieux élaboré d’un artiste béninois, fut-il sommité ou débutant. «Mbololo» est loin d’être une musique béninoise simple. C’est une musique de création. Un véritable art qui a nécessité de profondes recherches et une bonne dose du contemporain.

A priori, on ne doit pas craindre pour le succès probant de l’artiste aux Sica. Mais là où le bât blesse, le Bénin a décroché ce trophée au cours des deux éditions précédentes. Le tout premier à l’emporter est le groupe Gangbé brass Band. Deux années plus tard, c’est Zouley Sangaré qui l’arrache aux autres candidats. L’expérience pourra-t-elle encore se répéter? Tout dépendra donc de l’artiste et de son directeur artistique qui est indubitablement le meilleur de la place aujourd’hui.

F. S.

Publicité
Commentaires
le blog de Fortuné
  • J'entends contribuer à la promotion de la culture et la liberté de presse au Bénin et en Afrique. Pour ce faire, mes analyses et articles divers seront surtout axés sur la culture, le tourisme et la libre expression.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité